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Conception universelle et inclusion, une nouvelle norme d’avenir ?

La conception universelle est un principe qui vise l’inclusion lors de la création et  du développement d’un bien ou d’un service. Cela veut dire que tout concepteur (de bâtiments, d’objets, de services, d’actions de communication ou de formation…) est appelé à réfléchir à la diversité des publics et usagers de son bien ou service. La diversité devient donc, non plus une exception, mais bien une nouvelle norme !

 

La conception universelle : c’est quoi ?

La conception universelle consiste à intégrer tout le monde, l’ensemble des individus quelles que soient leurs caractéristiques physiques, sociales, sociétales, comportementales, mentales et donc, toute personne de tout horizon, de tout âge, de tout genre, de toute culture, quelque soit la situation de handicap éventuelle, lors de la conception d’un bien ou d’un service, pensé pour tous et toutes.

A propos de handicap, il est d’ailleurs plus correct de parler de situation handicapante plutôt que de handicap car une déficience peut être durable ou ponctuelle.

La conception universelle, aussi appelée Universal Design, une notion et un concept qui nous vient des Etats-Unis, à l’initiative d’un architecte, Mr Ronald L. Mace

Mais, ce concept va bien au-delà de l’accessibilité des bâtiments et donc du design architectural. Applicable à tous les domaines, la conception universelle vise bien plus que l’intégration des difficultés liées à un handicap. Elle vise l’inclusion de tous.

Inclure, cela veut dire donner la liberté à chacun de participer à la vie publique, économique, etc…en toute autonomie, sans devoir payer plus cher du fait de devoir, par exemple, se faire accompagner. 

 

L’objectif, noble et ultime de la conception universelle, est d’œuvrer en faveur de la liberté d’usages et de l’égalité d’accès pour tous aux biens et aux services.

 

La conception universelle et l’accessibilité : tout à y gagner !

Le but recherché lorsque l’on émet un projet avec une conscience de conception universelle est de répondre à la diversité des besoins des consommateurs. 

Toute l’économie y gagne, puisqu’à la clé, toucher davantage de consommateur apporte une plus grande rentabilité aux fournisseurs de biens et services.

En France, la notion de conception universelle est davantage focalisée sur l’aspect accessibilité. Mais l’on peut viser plus haut. Penser simple, fonctionnel, compréhensif et sécurisé c’est bien. Chercher à atteindre des solutions esthétiques et harmonieuses, intégrées à l’espace, c’est encore mieux.

Tout concepteur de projet, privé ou public, est invité à réfléchir à la problématique et à apporter des solutions sous forme de signalétiques, de supports web adaptés, etc… On en reparle.

 


Conception universelle et handicap : tous concernés !

Vous pensez ne pas être concernés ou que cette problématique ne touche qu’une minorité de vos contemporains ? Détrompez-vous !

 

12 millions de personnes en France vivent dans une situation de handicap.

 

Ce chiffre inclut les 4-5% de personnes dont le handicap est dit invisible. Car, non, toutes les problématiques ne se voient pas. Un souci d’audition, de vue, une difficulté à s’orienter ou s’exprimer…sont autant de déficiences qui ne se voient pas lorsque l’on croise une nouvelle personne. 

Et, nous sommes tous concernés, ne fut-ce que par le fait qu’un jour ou l’autre nous serons confrontés à des difficultés de vieillissement, de mobilité notamment.

La problématique n’est donc pas si éloignée de nous : nous avons tous des aînés dans notre entourage, quelqu’un qui éprouve des difficultés du fait d’une petite ou grande déficience, temporaire ou durable (maladie, accident etc).

Penser à ces personnes…et donc à nous tous, lors de la conception d’un projet quel qu’il soit, c’est cela la conception universelle. 

 


Les besoins adressés par la conception universelle

Concrètement, quelle population touchée par un handicap cible-t-on ? On distingue principalement des difficultés d’ordre :

  • moteur, dont, notamment les soucis de déplacement mais également de préhension.
  • sensoriel telles que des déficiences visuelles ou auditives, dont les degrés peuvent aller d’un léger handicap à une totale perte du sens.
  • cognitif comme des difficultés de compréhension, d’expression, de dyslexie,…suite à un problème neurologique ou de développement intellectuel.

Sans oublier les personnes illettrées (250.000 personnes en France) et celles qui ne comprennent pas notre langue : publics étrangers.

Ajoutons enfin que la plupart des personnes âgées cumulent plusieurs de ces handicaps.

 


Focus sur l’accessibilité de l’information 

A ce jour, beaucoup d’améliorations ont été faites dans l’espace public, pour l’accessibilité des bâtiments et des voiries. Néanmoins, il reste un long chemin à parcourir au sujet de l’accès à l’information, qu’elle soit sous forme d’imprimés, de signalétiques dans les lieux accueillant du public et… d’information digitale.

Parlons de l’accessibilité numérique : aujourd’hui l’offre de produits et services se déploie sur Internet. Or, le constat est le suivant : seuls 10% des sites Internet répondent à la norme en vigueur, à savoir la norme RGAA. Cela veut dire que la majorité des sites Internet reste fortement inaccessible aux personnes atteintes de handicaps visuels lourds notamment. 

Pour plus d’inclusion, outre la norme RGAA, on peut aussi s’inspirer de la méthode FALC Facile à lire et à comprendre”. Conçue pour faciliter la compréhension aux personnes dys (dyslexique), pas francophones, etc., cette méthode utilisée en communication est transposable au digital. 

 

D’ailleurs, pour se faire comprendre, les solutions de communication d’information ne manquent pas

  • pictogrammes (inventés par les japonais)
  • illustrations
  • vidéos en motion design
  • sous-titrages
  • traduction en langue des signes…

Certes, les détracteurs diront qu’il n’est pas aisé d’adapter son site Internet du jour au lendemain. Mais rien n’empêche d’y aller petit pas par petit pas. A commencer par sensibiliser et former tous les métiers producteurs de contenus : webdesigner, développeurs, chargés de communication, rédacteurs…  

 


Appliquer les normes d’accessibilité : un premier pas, mais insuffisant.

La conception universelle est souvent réduite à « rendre accessible en appliquant les normes en vigueur”.  Or, appliquer la norme ne suffit pas. Sachant qu’une même norme régit l’accessibilité au sein d’un stade de football ou dans un musée, force est de constater le gap, il est donc clair qu’il faut voir plus loin et l’adapter aux réalités et aux usagers avant tout !

De plus, on le sait, toute norme est appelée à évoluer. Toute personne concernée par l’accessibilité devra donc adopter une attitude agile pour pouvoir répondre à ces évolutions. Voire…les anticiper. 


Aller au-delà de la norme, deux pistes à suivre

Rendre plus accessible un objet, un service, un bien ce n’est pas se limiter à connaitre l’existence d’une norme et “ juste” l’appliquer. Il faut voir plus loin. Concrètement, il s’agit de sortir de sa tour d’ivoire et de se frotter au terrain. Deux pistes :

  1. Réaliser un rapport d’étonnement en se rendant dans un lieu public ou visitant un site Internet pour voir ce que d’autres ont mis en place (ou pas) en matière de communication et aménagements. Ce rapport d’étonnement permet de soulever les questions et peut servir de base à l’élaboration de son propre projet, en réfléchissant aux aspects techniques et aux moyens nécessaires pour copier ou faire mieux. 
  2. Travailler la conception en concertation avec les publics concernés : demander aux publics cibles, aux personnes porteuses d’un handicap quelles sont leurs difficultés et besoins est une piste de “bon sens”. Nous en parlons plus loin.

Il est clair qu’on n’arrive pas du jour au lendemain à 100% d’accessibilité dans tous les domaines. C’est bien pas à pas que l’on avance. 

 


La co-conception, un bon réflexe à adopter en amont.

Afin d’ajouter un peu plus d’universalité dans ses projets, on l’évoquait plus haut, l’idéal, comme le recommande Adeline Richez, consultante et designer en signalétique accessible, communication et accessibilité au sein de l’agence Adéquat, du groupe Atipy est de consulter les personnes concernées et travailler de concert. On parle de co-conception. 

 

Co-concevoir c’est quoi ? C’est mettre ensemble les développeurs de projets et les personnes en situation de handicap.

 

Ces personnes n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, il va falloir que chacun apprenne à se connaître ! 

Partir du besoin des usagers semble une évidence. Or, l’implication des personnes concernées se fait assez rarement. Et c’est dommage car une réflexion collective permet un gain de temps…et donc d’argent.

Illustrons : dans le domaine du bâtiment, et les architectes l’ont compris depuis 15 ans, il vaut mieux prévoir l’accessibilité en amont plutôt qu’après. De fait, il est plus économique de concevoir un lieu accessible dès sa construction que de devoir l’adapter.

Un autre bon moyen de réfléchir au-delà de la norme consiste à échanger avec des pairs dans notre métier. Découvrir leurs soucis techniques et leurs bonnes pratiques permet de ne pas devoir réinventer la roue.  

 


L’accessibilité : nouvelles contraintes ou opportunités ?

Peut-on voir la norme d’accessibilité comme un bénéfice plutôt qu’une contrainte ?

 

C’est un bénéfice si l’on y voit une occasion d’innover, de concevoir autrement, de délivrer des produits et services à plus haute valeur ajoutée puisqu’ils sont développés au bénéfice de tous.

 

Ceci dit, le “design pour tous” reste un voeu pieux, voire utopique, puisqu’agile et évolutif : il n’est pas toujours possible ni à 100% ni tout de suite. de convenir à 100% des usagers.

Cela n’empêche que l’on peut essayer de trouver des moyens qui conviennent à chacun pour adapter au maximum notre produit ou services aux personnes qui éprouvent des difficultés d’usages. L’idée est de faire pour tous et puis faire pour chacun, en adaptant notre offre aux situations spécifiques.

Comme le disait justement Antoine Tesson, consultant en accessibilité et design for all au sein de l’agence Divercities, groupe Atipy et invité de notre de notre #OFF, “On ne vise pas l’universalité mais la réponse à la diversité”.

 


Une étape cruciale : faire comprendre les enjeux pour soulever les freins. 

Parlons maintenant des freins : quelles sont les réticences exprimées (plus ou moins légitimes) le plus souvent par les chefs de projets ?

  1. Le budget nécessaire sera plus élevé s’il faut adapter sa solution à tous les usagers. 
  2. La concertation avec les usagers rajoute du temps (et donc du budget) au projet.
  3. Adapter son produit ou service se fera au détriment de l’esthétisme.

Ce sont des croyances limitantes… Un exemple d’avantage de l’inclusion ? Utiliser une typo facile à lire et de grande taille offre un confort de lecture pour tous

Il existe à ce sujet une typo 100 % accessible à tous et libre de droit nommé Luciole.

 

De plus, les rencontres entre concepteurs et les publics concernés, représentent une occasion de tester un  prototype. On se rend compte parfois que l’on peut améliorer son concept également au bénéfice du grand public.  

 


En route vers la conception universelle : 11 bonnes pratiques. 

Notre émission du #OFF consacré à l’accessibilité universelle fut l’occasion d’émettre des recommandations essentielles à destination des concepteurs de projets :

  1. Rencontrer les personnes concernées (usagers, consommateurs, visiteurs) pour comprendre les besoins fonctionnels. C’est fondamental !
  2. Se mettre en relation avec des associations expertes dans les différents handicaps pour entendre, comprendre et mieux appréhender leurs besoins et enjeux.
  3. Surmonter sa peur ou les stéréotypes sur le monde du handicap dont les représentants sont preneurs et avides de partager leur savoir.
  4. Connaître les normes et savoir où les trouver.
  5. Se faire accompagner par des professionnels de l’accessibilité et communicaiton universelle sur des projets d’envergure.
  6. Rester et faire simple. 
  7. Prévoir une méthodologie pour ne pas commettre plusieurs fois les mêmes erreurs.
  8. Partager avec des pairs pour bénéficier de leurs expériences…et leur en fournir.
  9. Concevoir mieux vos supports écrits, en jouant sur les contrastes de couleurs, la typo (Luciole, Arial, Helvetica) et l’ajout de pictos ou d’émojis. 
  10. Adapter sa communication digitale aux malvoyants
    1. Traduire les images en mots et pour cela ajouter du texte alternatif aux images 
    2. Traduire les textes en audio
  11. Et aux malentendants : penser aux sous-titrages. Pas toujours heureux mais elles ont le mérite d’exister, des solutions gratuites existent.  

 

 

Comme le disait si bien l’écrivain André Gide,, “Il n’y a pas de problèmes ; il n’y a que des solutions”. Des solutions ? S’informer, se former, rencontrer et se faire accompagner ! 

 


Et NOW.be dans tout ça ? Quid de la formation accessible ?

Comme créateur d’événements, d’actions de communication et de formation en tant qu’ organisme de formation certifié Qualiopi,  nous sommes confrontés au besoin de développer nos compétences (concepteurs, designers, développeurs, illustrateurs, réalisateurs, animateurs…)  nous former davantage à la problématique pour rendre nos projets de communication et nos formations plus accessibles. 

Nous devons nous donner les moyens de répondre aux besoins de nos clients. Car vous l’avez compris : proposer des services de communication et de formation doit pouvoir s’adresser au plus grand nombre, à s’inspirer fortement des principes de la conception universelle. Tant d’usagers sont concernés : les équipes multi-culturelles, les travailleurs en situation de handicap…

Loin d’être une préoccupation tendance, nous constatons d’ailleurs dans les appels d’offres et dans les chartes de formation, qu’il nous est demandé de prendre l’inclusion en considération.

 

Travailler en commun avec les personnes concernées, de nouveaux acteurs issus de notre public, pour concevoir ces nouveaux contenus nous enrichit car être acteur de l’inclusion donne du sens à nos métiers. Nous y voyons une opportunité de jouer un rôle social d’inclusion, et une opportunité de croissance et d’ouverture à nouveaux publics. Une démarche gagnant-gagnant finalement où l’on en fait un peu pour les autres et également pour soi.

L’inclusion, une nouvelle norme d’avenir ? Pour nous, oui !

 


Cet article a été inspiré par notre émission, le #OFF diffusée le 8/10/2021

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